Réveillée à 1h30 par un combat de chat dans la cour, j'ai somnolé jusqu'à 3h30 où je me suis décidée à me lever.

Je me suis préparée un bon café, je refais le tour de l'appartement en pensant que sous 3 à 4 mois je serai de retour mais que j'y vivrais une semaine mais plus seule, que j'aurai ma fille pour le partager avec moi.

A5h30, Tania vient me chercher, direction l'aéroport... le cafard que j'essayais d'étouffer est là et bien là ! J'ai beau essayer de me raisonner et me dire que ce n'est l'affaire que de trois mois, c'est long trois mois ! et déjà elle me manque !!!

A l'aéroport une fois les formalités accomplies, avec Tania nous nous serrons fort dans les bras l'une de l'autre car cette semaine passée ensemble a été forte en émotion et je la remercie de tout coeur pour sa compréhension, sa manière d'être discrète lorsqu'il le faut, d'être maternelle aussi à d'autres moments, tous ces moments que je n'aurai pour rien au monde souhaité vivre autrement.

Avec Tania, c'est la rencontre telle que je l'avais imaginée au plus profond de mon coeur !

Je monte en salle d'embarquement et me retiens de pleurer encore, il faut que je sois forte ! C'est notre lot à nous solos...

L'avion décolle enfin et la pensée qui me vient est pour ma fille que je laisse ici, je lui fais la promesse de revenir très vite la chercher.

Tout le long du vol, je m'éforce de regarder par le hublot pour penser à autre chose.

Roissy-Charles de Gaulle apparaît enfin, et là va commencer encore une longue attente car mon TGV pour rentrer sur Angoulême n'est qu'à 14h07 et il n'est que 10h du matin !

J'en profite donc pour poster mes cartes postales de Sofia, étant donné que je suis toujours en zone internationale cela passera inaperçu...

L'attente est longue, mais bon je suis occupée à regarder les avions décoller et attérir, et mon heure arrive, je monte dans mon train direction Angoulême où ma maman m'attend...

Dans le TGV j'avais un livre, je me suis donc plongée dans la lecture et le temps a passé plus vite.

Arrivée Angoulême à 17h32, depuis 5h30 du matin cela faisait une bonne journée, bien épuisante...

Je raconte brièvement à ma maman notre rencontre car je l'avais déjà appelée par téléphone dans la semaine...

Nous en rediscuterons le lendemain au calme après une bonne nuit de sommeil...

Aujourd'hui, une journée épuisante m'attend !

Réveillée depuis 4h30, impossible de dormir, je tourne et retourne, je pense à elle que je vais quitter dans quelques heures pour plusieurs mois...

Nous descendons déjeuner avec Tania à 9h, dans le calme et la sérénité, avec un sourire de façade car le coeur n'y est pas.

Le taxi vient nous prendre pour nous conduire avec nos bagages à la gare routière où Manon et M. nous attendent.

Dès qu'elle me voit le sourire est jusqu'aux oreilles, elle se jette dans mes bras pour me dire bonjour.

Nous allons mettre nos bagages à la consigne pour être plus disponibles pour cette dernière matinée ensemble. Manon m'explique qu'elle a envie d'aller aux toilettes donc nous voilà parties toutes les deux...

M. a voulu que nous allions dans un café, ce qui fut une perte de temps beaucoup de marche qui nous faisait perdre du temps à partager ensemble. Nous arrivons enfin, Manon assise à côté de moi qui n'osait pas me regarder de peur que je ne parte et ne revienne pas la chercher car sa famille d'accueil lui avait dit qu'il fallait qu'elle pleure pour que je la refuse le premier jour de notre rencontre...

Tout va bien, jusqu'au moment où elle me redemande à aller aux toilettes mais là une fois seules dans la pièce elle m'a réclamé les bras pour que je la serre fort dans mes bras, elle ne décollait pas sa tête de mon cou, me disait qu'elle m'aimait et ne voulait pas que je parte.

Lorsque nous sommes revenues à la table il a fallu se dépêcher car nous risquions de rater nos bus et le cafard était pire que tout...

Manon a dit à Tania de me traduire : "maman dépêche toi à faire tous les papiers pour venir me chercher, vite", l'émotion, les larmes sont montées et je l'ai rassurée en lui disant que j'allais faire le maximum.

La séparation a été brutale car M. a réalisé que le bus de Manon allait partir à 11h à l'autre bout de la gare routière, à l'opposé du nôtre, nous n'avons donc pas eu le temps pour les effusions sentimentales et c'était peut être mieux ainsi ! 

Avec les chouchous que je lui avais apporté elle s'était fait plein de couettes...

Avec Tania, nous avons donc récupéré nos bagages et nous sommes dirigées vers notre bus, direction Sofia !

Dans le bus, je suis étangement silencieuse et je remercie Tania d'avoir respecté mon silence et mon besoin de solitude en ce moment là. Par moment tout de même elle me demande si ça va, me prend dans ses bras pour me réconforter, une vraie "mère bulgare", elle a été là pour moi qui ait préféré vivre ce moment seule sans ma famille autour de moi pour ne pas être "influencée" ou "polluée" par des commentaires et remarques qui forcément nous touchent.

A 15h nous arrivons à Sofia, et là encore course poursuite, direction le cabinet de notre avocate et notre traductrice assermentée car rendez vous est pris pour signer les papiers définitifs.

Ca y est c'est fait !

Il est 16 heures, je suis de nouveau dans l'appartement de l'association, je repose ma valise dans la chambre et j'ai envie de pleurer mais je n'y arrive pas !

Pour notre dernière soirée ensemble, avec Tania nous allons dans un restaurant goûter aux spécialités bulgares, nous rentrons pas trop tard pour que je puisse me reposer un peu avant le retour...

Toujours pas de pleurs, la fatigue morale a pris le dessus et je m'endors rapidement...

Aujourd'hui il pleut, le temps est doux, un temps triste comme celui qui annonce une future séparation...

Avant dernière rencontre avec Manon, Tania a demandé à M que cela soit encore au parc de jeux pour que nous puissions encore partager des moments de complicité et de jeux ensemble. Je sens que le lendemain matin la séparation sera très dure au moment de nous quitter pour rejoindre l'une Dinovo et l'autre la France !

Ma tornade de câlins est arrivée à 10h15, elle m'a sauté au cou en me faisant de gros bisous et m'a serré très fort dans ses bras.

Comme elle avait faim, je lui dit que nous allons aller lui acheter une banitza. M veut venir avec nous, mais Tania lui demande de nous laisser seules. Nous partons donc au magasin à côté dans la rue et je demande donc une banitza, qu'elle choisit, et de joie elle dit à la dame que je suis sa maman et que je suis très belle... je me sens rougir !

Nous rentrons toujours main dans la main, tout sourire. Elle dévore sa banitza tout en m'en donnant des petits bouts pour que je "goûte", sachant que j'adore ça, je la laissais tout à sa dégustation.

Elle arrive à dire "bonjour maman" et "au revoir maman" c'est génial, l'émotion est à son comble !

Tout en jouant nous apprenions moi les mots en bulgare et elle en  français. Nous avons joué aux petits chevaux (où elle triche, sous prétexte qu'elle n'arrive pas à compter bien en français elle avance son cheval d'une case pour arriver plus vite...).

Je lui ai donné un paquet de papillottes en chocolat qu'elle s'empresse de distribuer à M., Tania et moi et même au monsieur propriétaire du parc. Elle a un grand sens du partage et de l'entraide, c'est génial.

Le moment était venu de signer les papiers officiels de poursuite de la procédure d'adoption et dire qu'en effet je souhaitais que Manon devienne bien ma fille. Grand moment solennel où  l'on se dit qu'on n'a pas fait tout ça pour rien ! Je confirme donc les trois prénoms de ma fille pour que Tania puisse les transmettre à Anna notre avocate.

Puis nous avons expliqué à Manon ce que nous faisions et un grand sourire illumina son visage.

Nous avons encore et toujours joué au baby-foot, puis fait des puzzles.

A midi, l'heure de la séparation a sonné, M. doit ramener Manon pour qu'elle prenne son c

Un très gros câlin sur le trottoir devant les bureaux de l'ASE en nous disant à demain et nous repartons pour l'hôtel.ar à 13h avec sa famille d'accueil pour rentrer au village, nous sommes tristes toutes les deux car ni elle ni moi n'avons envie d'être séparées.

L'après midi j'ai eu besoin de me ressourcer, j'ai donc été me balader dans Haskovo pour visiter un peu la ville et m'imprégner de la culture bulgare (le temps que Tania s'occupe de son travail) puis nous nous sommes retrouvées pour aller acheter un puzzle pour Manon qu'elle gardera le temps que je revienne.

Le cafard commençait à pointer le bout de son nez !

Ce matin, je me lève et un épais brouillard recouvre toute la ville, il fait frais...

Nous avons rendez-vous avec Tania au parc de jeux, comme hier, de 10h à 12h30...

Manon est arrivée toute souriante, elle m'a sauté au cou en me disant "bonjour maman" et m'a fait un gros bisou.

Elle a tout de suite vu que de mon sac dépassaient des chaussures, elle a tenu à se changer immédiatement, alors nous sommes allées aux toilettes procéder au changement "de vie" momentanément. Ce que j'ai découvert en la changeant m'a énormément fait de mal mais je ne rentrerai pas dans les détails, j'étais humiliée pour moi et pour ma fille.

J'ai fait part de ma découverte à Tania, qui elle-même en a parlé à M. (l'ASE) pour qu'elle en parle à la famille d'accueil et que cela rentre dans l'ordre.

Je lui ai donc enfilé une robe, des collants, mis un petit gilet assorti et les chaussures neuves, elle en était tellement contente qu'elle ne voulait plus les quitter même pour aller jouer dans l'aire de jeux.

Nous avions été acheter les chaussures l'après midi du mardi avec Tania et nous avions fait une super balade dans le parc qui surplombe la ville, ce qui nous avait permis encore une fois de mieux faire connaissance et de partager nous aussi des moments de complicité comme une mère avec sa fille...

Nous avions également acheté une carte pour ma maman, j'ai demandé à Manon de faire un dessin pour sa mamie, Tania lui a expliqué et du coup elle a fait un très gros coeur et a écrit son prénom en français !

Lorsque nous avons dû nous quitter à 12h30 pour qu'elle aille reprendre son bus direction Dinovo avec sa famille d'accueil, Tania lui a demandé comment elle m'aimait et là la réaction a été très forte, elle m'a serré très fort dans ses bras m'a fait de très gros bisous et m'a dit en bulgare "à demain maman" !

La nuit a été bonne, et le réveil aussi !

Après un bon petit déjeuner avec Tania où nous avons discuté, savoir comment c'était passé ma nuit, quel avait été mon ressenti, comment je me sentais pour cette nouvelle journée... nous partons retrouver P et M au café où nous nous étions retrouvé la veille.

Avec Tania nous nous installons à la même table que la veille et nous attendons. De loin je les vois arriver et P m'a vue aussi, elle arrive avec un grand sourire et se dirige droit vers moi  "bonjour maman" "bonjour ma fille" avec un gros bisou. Elle m'a donné un dessin qu'elle avait fait la veille au soir en nous quittant, je la félicite et la remercie pour cette attention.

Elle m'explique par l'entremise de Tania que cette nuit elle avait dormi avec son chien en peluche et surtout caché sa poupée pour que les autres enfants de la famille ne la lui prenne pas.

M nous indique qu'il y a une aire de jeux où nous serons plus à l'aise, nous y allons donc toutes les 4, 

Il y a là largement de quoi nous permettre de faire connaissance : un toboggan à balles, un baby foot, des jeux de société... et c'est parti

Dès que nous arrivons, nous quittons nos chaussures et P va sur le toboggan et moi je me mets en bas pour l'accueillir les bras ouverts et le sourire et le rire font leur apparition... Tania et M sont surprises de voir la complicité qui s'est installé entre nous deux déjà !

P veut aller aux toilettes et c'est à moi tout naturellement qu'elle demande de l'accompagner, elle m'attrape par la main pour jouer, triche comme pas deux au babyfoot car en fait il y avait une télévision qui passait des dessins animés et d'un coup elle regarde fixement donc je regarde aussi et elle en profite pour bouger le ballon devant ses joueurs... grand éclat de rire ! Même Tania s'est fait avoir à ses mimiques !

Comme tout parent adoptif nous avons tendance à regarder "les acquis" et je n'échappe pas à la règle, je lui avais apporté un cahier de coloriages princesse avec des crayons et des feutres, j'admire sa motricité fine (manière de tenir un crayon) ...

Elle est demandeuse pour apprendre quelques mots de français, alors on fait un échange moi je lui apprends en français et elle en bulgare, échange de bons procédés, c'est une petite fille très câline qui a bien intégré que j'étais maintenant sa maman, d'elle même alors qu'elle joue elle vient me faire des bisous et je suis sur un nuage !!!

Je lui montre l'album photos que j'ai fait pour lui présenter sa famille, son chien, son chat et sa future maison. Sa chambre lui plait bien (ouf ! je ne me voyais pas tout retapisser !) mais c'est surtout la piscine qui a retenu son attention car elle veut apprendre à nager.

Je lui ai amené des vêtements, les a trouvé très beaux et m'a demandé de l'habiller avec les nouveaux habits, cela l'a changé du tout au tout..

Puis dans la discussion avec Tania et M, nous en venons à parler de son prénom et je leur explique que j'aimerai changer son prénom mais qu'avant tout je veux qu'elle soit d'accord pour le faire. J'explique donc que j'aimerai qu'elle prenne un prénom français ce qui l'aiderait à changer de vie et de pays et qu'il y en a un qui me tient à coeur : Manon car je suis marseillaise et pour moi Pagnol a bercé mon enfance entre autre avec Manon des sources.

Tania le lui explique et d'un coup je vois un sourire illuminer son visage, elle me dit oui !

Elle me demande alors à l'écrire en français, je le lui écris et elle le recopie sans problème, un nouveau pas est franchi dans la construction de notre nouvelle famille !!

Nous avons passé une grande matinée à jouer ensemble, à partager des moments de complicité qui resteront à jamais gravés dans ma mémoire.

Au moment de nous séparer, j'ai donné à Manon mon écharpe avec l'odeur de mon parfum, qu'elle s'est empressée de mettre autour de son cou, elle m'a emmené un peu avec elle....

Super salle de jeux avec tout ce que les enfants peuvent avoir besoin pour passer un après-midi à jouer, un coin pour les parents, des boissons et gâteaux à disposition et surtout des propriétaires très sympathiques !

La nuit a été courte car bien que fatiguée du voyage (émotions, manque de sommeil de veille), je me lève tranquille et sereine, je déjeune, refais ma valise et attend l'arrivée de Tania.

Tania arrive avec un taxi, direction la gare routière de Sofia.

Je suis comme une gamine qui découvre, je regarde tout et partout, ayant appris le russe, je déchiffre chaque magasin, chaque publicité, j'ai comme l'impression d'être déjà venue ici, je m'y sens à l'aise.

A la gare routière nous montons dans le bus pour Haskovo, celui-ci est déjà bien rempli... c'est parti pour trois heures de trajet !

Dans le bus nous parlons un peu avec Tania, de tout et de rien, elle essaie de me rassurer sur ce qui nous attend une fois là-bas. Le paysage est superbe, Tania m'explique tout ce que nous voyons. 

A 11h30 nous voilà arrivées à Haskovo, charmante petite ville très chaleureuse...

Direction l'Hôtel RODOPI, très bel hôtel, les chambres sont très agréables et sa cuisine un pur délice !

Nous déjeunons puis à 13h, direction le bureau de l'ASE pour LA rencontre, mon coeur commence à battre très fort, les mains deviennent moites... c'est ça que l'on doit appeler l'émotion !!!!!

 Quatre étages plus haut nous sommes devant la porte du bonheur... nous regardons les dessins qui ornent le mur avant d'entrer..

La porte s'ouvre et une femme en sort, l'assistante familiale (comme on dit chez nous pour famille d'accueil) de ma fille, elle me détaille de la tête aux pieds, mais je n'y fais pratiquement pas attention, nous entrons...

Je découvre une petite fille adorable avec un grand sourire, à qui je souris également.

Tania m'avait expliqué qu'elle allait elle d'abord lié connaissance avec ma fille P (dont je tairais le prénom bulgare) et qu'ensuite j'interviendrai. Moi qui depuis des mois m'entraînais à dire "bonjour je m'appelle Isabelle" et n'y arrivais pas, c'est mon tour d'intervenir, je tends la poupée manequin et P me dit merci et me demande comment je m'appelle et là tout naturellement la phrase vient du plus profond de mon coeur, les larmes montent, Tania s'en aperçoit et reprend le fil conducteur pour ne pas me mettre mal à l'aise devant la petite ni qu'elle soit mal à l'aise elle non plus...

Puis nous décidons que nous allons nous promener toutes les 4, son ASE, Tania, P et moi. Tout naturellement je lui donne la main et nous jouons à sauter les marches dans l'escalier à chaque fois que nous atteignons un palier... le courant passe plus que bien... je suis plus qu'heureuse !

Une fois dans la rue, cela se gâte, P se met à pleurer car elle réclame "je veux maman K" et Tania et M. (son ASE) arrivent à savoir qu'en fait sa famille d'accueil lui a dit qu'il fallait qu'elle pleure pour que nous ne la choisissions pas... mais pour autant P ne me quitte pas la main, ne me repousse pas non plus donc elle est en confiance avec moi et c'est le plus important !

Nous nous arrêtons donc dans un petit parc avec des jeux (toboggan, balançoire). Tania essaie de me rassurer "ne t'inquiètes pas sa famille lui a dit de pleurer pour que tu ne la prennes pas" et moi de répondre "tu sais Tania je ne m'inquiète pas le moins du monde, elle tient toujours ma main dans la sienne et ne cherche pas à l'enlever donc elle est en confiance"... P pleure toujours un très gros chagrin mi-comédie, mi-inquiétude...M. essaye de la raisonner, apparemment P n'a pas été préparée correctement à son adoption, je laisse Tania et M. discuter avec elle pour lui expliquer que la dame qu'elle appelle maman n'est pas sa maman mais juste une dame qui travaille pour l'élever correctement, que je suis SA maman... alors je lui montre que dans mon sac j'ai un chien en peluche qui aboie lorsqu'on lui appuie sur la patte... le sourire revient progressivement et repart... alors je sors mon arme secréte : le jeu de bulles de savon !!!

Là j'ai gagné car je lui fais des bulles que je lui envoie vers elle sur ses chaussures, le sourire revient puis le rire, alors je lui tends le flacon pour qu'elle en fasse à son tour et elle rigole aux éclats car avec M. et Tania nous rions de bon coeur aussi...

Puis arrive le moment de la séparation du soir, je lui fais de grosses bises et lui dit "à demain" en bulgare, elle me dit au revoir et repart toute souriante...

La soirée s'est passée à discuter avec Tania, je suis tellement heureuse que je n'arrête pas de parler, car en fait notre rencontre s'est passée telle que je l'avais imaginée, la plus belle des rencontres...

La première des choses que j'ai fait en regagnant ma chambre ça a été d'envoyer des sms à toutes mes connaissances pour leur faire partager mon bonheur et surtout d'appeler ma maman pour lui raconter.

Aprés avoir contacté Tania pour connaître ses dates de disponibilité, le 25 décembre 2013 au matin, comme un enfant qui découvre son cadeau dans ses chaussures, j'ai les yeux pleins d'étoiles, je regarde encore et encore la photo de ma fille !

Je suis heureuse, je plane encore un peu j'ai du mal à y croire, mais oui je suis enfin maman, même si pour l'instant je ne l'ai pas encore rencontrée, elle est déjà dans mon coeur ! Avec ma maman nous découvrons cette miss qui sur la photo n'a que 4 ans alors qu'en fait maintenant elle a 8 ans... je pense que je vais la trouver changer lorsque je vais la rencontrer

Je commande fébrilement mes billets d'avion via le site OPODO et de train avec VOYAGESNCF.COM ça y est les dates sont arrêtées, je partirai le samedi 11 janvier 2014 en TGV d'Angoulême et je rentrerai le samedi 17 janvier...

Là beaucoup de questions viennent à l'esprit : est-ce que le courant va passer ? vais-je lui plaire ?

Les jours qui passent sont à préparer la valise, faire les derniers achats... un chien en peluche, une poupée manequin, le tout acheté en double un pour elle là bas et un elle ici

Comme j'ai travaillé en tant qu'assistante maternelle, je sais comment attirer l'attention d'un enfant, le truc imparable : le jeu de bulles de savon !! en effet comment dérider un enfant qu'en faisant des bulles de savon qui s'envolent au vent.

Ici les entretiens avec la psychologue de la PMI continuent pour modifier mon agrément d'une fratrie de 2 enfants en 1 enfant, entretiens que je vis de plus en plus mal car je ne comprends pas pourquoi si j'ai eu un agrément comme quoi j'étais capable de m'occuper de deux enfants je ne pouvais pas l'être d'un seul enfant, et puis maintenant qu'elle est entrée dans ma vie, je regarde tous les jours sa photo et c'est d'autant plus dur d'avoir à discuter de manière neutre d'un enfant quelconque / inconnu... là aussi je pleurs beaucoup en sortant des entretiens car j'ai l'impression que l'on cherche à me mettre des batons dans les roues...

Heureusement Tania est là, toujours présente, une autre maman bulgare celle-là, qui me parle via skype, me rassure...

Les jours passent et le grand jour approche !

Le samedi 11 janvier après midi, ma maman m'emmène à la gare, je lui demande de rentrer je veux être seule sur le quai pour commencer mon aventure et éviter l'émotion qui me submerge...

Dans le TGV j'ai pris un livre, mais j'ai du mal à me concentrer sur ce que je lis... l'angoisse comence à monter plus on approche de la gare Charles de Gaulle TGV car il est pratiquement 20h, il fait nuit et je dois maintenant trouver la bonne navette pour mon hôtel 1ere classe !!

Tout compte fait tout se passe pas trop mal et j'arrive à l'hôtel 1ère classe dans ma chambre. Je n'ai pas trop envie de manger, comble de bonheur pour moi la télé ne fonctionne pas, comme je dois me lever tôt le lendemain matin pour attraper la navette de 7 heure je me couche, mais le sommeil tarde à venir, mon esprit est en ébullition, je pense à tout et rien.

J'essaie de m'imaginer le meilleur des scénari, nous nous découvrons pour la première fois, elle me sourit et vient sans problème dans mes bras...

Mais bon la raison reprend le dessus et je me dis qu'il vaut mieux que je me prépare au pire : à une enfant qui va me regarder de travers et qu'il va falloir que j'apprivoise...

La nuit fut plus que courte, dimanche 18 janvier au petit matin vers les 5h je prends une feuille de papier et j'écris une lettre à ma fille pour qu'elle ait un souvenir plus tard de l'état d'esprit dans lequel j'étais avant de venir la rencontrer.

****

Dimanche 12 janvier 2014 -  Roissy Charles de Gaulle

Manon,

Que d'émotions pour venir à ta rencontre. Je suis partie hier d'Angoulême en TGV, galéré pour arriver à l'hôtel où j'ai très mal dormi car je rêvais qu'avec Tania nous rations  le bus pour Haskovo pendant que moi je m'entraînais à faire des bulles de savon !!

Je ne te parle pas de tous les sentiments qui me viennent : joie de te rencontrer et d'imaginer la super famille que nous allons fonder, doute de savoir si je vais te plaire comme ta future maman, si tu vas m'accepter ou me repousser, angoisse de cette rencontre et de notre future séparation vendredi, te laisser à Haskovo me fait mal mais comme on dit ici c'est un mal pour un bien.

Je veux te donner la chance de réussir, de devenir quelqu'un de bien et surtout de t'épanouir dans ta future vie. Je t'aiderai de mon mieux, je t'épaulerai et serai à tes côtés pour tous tes choix de vie (scolarité, métier, famille...)

Je ne te connais pas encoe mais déjà je t'aime, je suis devenue ta maman et je le resterai toujours quoi qu'il arrive.

Comme tout le monde tu feras des bêtises mais mon amour pour toi sera toujours là.

Il est 6h30 et je trouve le temps long, d'ici une 1/2 heure je vais partir pour l'aérogare et à 10h20 je décollerai pour venir te voir et enfin pouvoir te serrer dans mes bras pour te donner mon premier baiser d'amour qui ne sera pas le seul, il y en aura plein d'autres;

Je t'aime ma fille.

****

Une fois le petit déjeuner pris dans un calme serein, je me dirige pour prendre ma navette.

J'arrive à l'aéroport, Roissy est assez vaste, je trouve vite mon chemin mais bien sûr je suis largement en avance avant l'enregistrement, je stresse un peu car avant lorsque je voyageais j'avais un billet là je n'ai que mon billet électronique, en fait l'impression de ma réservation et j'ai peur qu'il y ait un problème...

Durant mon attente, deux jeunes femmes m'accostent et nous lions connaissance, elles sont bulgares toutes les deux et ainsi le temps passe plus vite.

Ca y est l'enregistrement commence... toujours très calme... je monte dans l'avion, toujours aussi calme... nous décollons, la tension lâche un peu en regardant par le hublot les nuages cotonneux je pleurs de joie...

Arrivée à Sofia avec une heure de retard pour cause de brouillard, après les formalités je sors et retrouve vite Tania !! Quel réconfort !!

Nous montons dans la voiture et direction l'appartement de l'association qui se trouve à deux rues du siège de l'association, en plein centre ville, d'où l'on peut rayonner pour aller se promener et qui plus est en dessus d'une supérette ce qui est bien pratique.

L'appartement est chaleureux, bien aménagé pour accueillir les futurs adoptants lors de leur premier voyage et les familles lors du deuxième voyage.

Il comprend une chambre parentale avec un grand lit et un lit d'enfant, une chambre d'enfants avec deux petits lits, des jouets, un salon avec télévision et chaînes via le satelite donc en français pour certaines, une salle à manger spacieuse, une cuisine bien équipée et une salle de bain wc.

Nous discutons un peu de la suite des évènements, je lui montre tout ce que j'ai apporté pour ma fille, puis Tania me confie les clés de l'appartement.

Une heure plus tard elle est revenue me chercher pour me faire visiter un peu le centre et je lui ai proposé que nous mangions ensemble, elle m'a alors fait découvrir quelques spécialités. Je lui explique que pour moi tout est encore irréel...

Rendez-vous est fixé le lendemain matin lundi 19 janvier à 7h30 pour 4 heures de bus, nous partons en bus pullman direction Haskovo, dans le sud de la Bulgarie pour y rencontrer ma fille...

 Le trajet pour la retrouver passe par Stara Zagora, Plovdiv, Dimitrovgrad et Haskovo.

En attendant que je vous rédige la suite de l'aventure, je vous envoie un petit coucou !

L'année 2013 comme je vous l'ai dit  a vu la réalisation de mon extension d'agrément c'était déjà bien..

Je suis née à Marseille et pour moi le 13 n'a jamais été porte malheur, au fond de mon coeur j'espérais bien que cela serait l'année décisive !

Mars - Avril : problèmes de santé et hospitalisation qui font que je mets la maison en vente dans les Ardennes pour me rapprocher de ma famille en Charente et me font me recentrer sur mon projet de vie

Rien ne bouge de ce côté là non plus... galère !

Juillet - août : nouvelle hospitalisation pour consolider la 1ère d'avril puis départ en Charente pour me reposer et faire le vide et le 18/08, je repère une maison en Charente qui me plait bien il est 7h du matin, à 9h mon portable sonne c'est une personne qui est intéressée par ma maison, rendez vous est pris pour le 29/8.

29 - 31 août : visite de la maison, signature du compromis de vente

6 septembre je repars en Charente pour visiter la maison que j'aie vue et pour signer moi aussi le compromis de vente

6 novembre : je déménage !! dans le même temps le même jour le MOJ m'apparente à ma fille...

Je prends contact avec mon nouveau CG pour me présenter et demander le transfert de mon dossier des Ardennes sur leur département.

10 décembre : mon portable sonne à 8h mais étant en voiture je ne décroche pas, à 9h la même personne une copine du forum que j'ai soutenue lorsqu'elle avait des baisses de forme me rappelle mais là aussi je ne peux pas répondre... à 10h je vais partir faire une course pour ma maman qui me dit que mon  portable vient encore de sonner et là en montant dans la voiture je rappelle cette copine qui me dit :

"Salut toi, ça va tu as un souci que tu m'appelles depuis ce matin, excuses moi mais je suis complètement débordée aujourd'hui"

"Salut Isa, excuses moi de te déranger, mais as tu été sur le forum aujourd'hui ?"

"non je n'ai pas eu le temps j'ai pas mal de choses à faire aujourd'hui donc..."

"pourquoi ?"

"parce que si quelqu'un a quelque chose ce n'est pas moi c'est toi, tu es apparentée à une petite fille"

"je vérifie et te rappelle"

Là tout s'emballe, j'ai chaud, je tremble, tout compte fait je coupe le moteur, je rentre chez ma maman, allume son ordinateur et vérifie : en effet mon n° de dossier était sorti !!!!!!!!! J'étais apparentée à une petite fille âgée de 7 ans et 11 mois !!!!!!!!!

L'heureuse nouvelle n'a pas eu le temps de faire son effet car dans l'après midi nous avions des rendez-vous avec ma maman.

Je ne suis arrivée à pleurer de joie que le surlendemain et là une autre attente commence c'est de l'appel de Mme BOUCHET de l'AFA.

Lorsque j'essaie de téléphoner à l'AFA, un peu sous la pression des autres adoptants qui aimeraient bien savoir eux aussi, on me répond qu'ils n'ont pas encore reçu mon dossier.... étrange, les jours passent et l'angoisse monte, que se passe-t-il ? pourquoi n'ai-je pas le dossier ? 

Le 20 décembre, Mme BOUCHET de l'AFA  m'appelle pour me dire qu'officiellement je suis apparentée à une petite fille et qu'elle va me transmettre son dossier par mail en premier puis par courrier et qu'elle ne pouvait pas m'envoyer le dossier tant que le CG des Ardennes n'avait pas transmis mon dossier au CG de Charente et qu'elle avait dû taper du poing sur la table pour faire bouger les choses...

Ca y est je mets enfin un visage sur un prénom !! elle est belle !!!

Je ne suis pas sortie des galères... en effet ayant juste emménagé en Charente je dois repasser des entretiens pour que l'équipe charentaise fasse ma connaissance, mais en plus j'arrive avec un apparentement pour un enfant alors que mon agrément initial est pour deux enfants !!!

Il faut donc que je fasse un courrier de demande d'extension de mon agrément pour passer de 2 enfants à 1 enfant et c'est d'autant plus dur à vivre que l'on sait que l'on est apparentée et que quelque part ma fille m'attend...

Dans le même temps j'ai pris contact avec une agence bulgare pour me représenter sur place : l'Association "Mon enfant/Moeto deto" représentée par Mme Tania ILOVA. Entre nous comme avec Geneviève et Penka le contact est très bien passé.

Tania m'a parlé de son agence, de comment elle voyait l'accompagnement des futurs parents et enfants et j'ai su de suite que c'était comme cela que je voulais vivre ma rencontre, dans la simplicité, la tendresse.

Etant solo (célibataire) ce n'est pas toujours facile à gérer car on ne sait pas si on doit demander à des personnes de venir avec nous ou non, souvent les personnes à qui l'on pense depuis trois ans pour nous accompagner ne peuvent pas et puis surtout lorsqu'on est solo nous avons l'habitude de nous débrouiller seule, enfin c'est mon cas.

Souvent nos proches peuvent avoir des à-priori et nous influencer en bien ou en mal sur des attitudes qu'ils vont interprêter d'une manière différente de nous et cela peut gâcher LA rencontre.

Tania m'a rassurée, nous avons beaucoup parlé, elle m'a tout expliqué et je me suis sentie en confiance comme avec ma maman pour partager ce moment privilégié qu'est la rencontre.

Le jour de Noël j'avais la photo de ma fille dans mes chaussures, c'était mon plus beau cadeau !

Les jours passent sans que rien ne bouge, le moral en prend un coup, tantôt à la hausse tantôt à la baisse !

Décembre 2010, déjà un an que j'ai mon agrément et il faut adresser au Conseil Général (CG) un courrier de confirmation de souhait d'adopter un enfant.. 

Un peu d'action fait du bien, cela motive, donc courrier au CG, envoi à la traduction et pour joindre ce document au MOJ, nouvelle petite lettre de motivation... A peu près semblable à la première, Geneviève me donne des pistes de réflexion pour étayer mon courrier et ouvrir ma réflexion sur l'âge de mes futurs enfants...

Traduction, envoi à l'AFA pour transmission au MOJ et l'attente recommence...

9 mai 2011, j'adresse un courrier au CG pour demander une extension d'âge. En effet mon agrément initial est pour une fratrie de deux enfants âgés de 0-6 ans. Ma demande concerne donc une extension pour 0-8 ans.

20 mai 2011, accusé de réception du CG qui m'indique que je dois prendre rendez vous avec mon assistante sociale pour reprendre les entretiens en vue de modifier mon agrément.

11 octobre 2011 nouvelle lettre de motivation pour le MOJ qui confirme mon souhait de devenir maman d'enfants bulgares

9 novembre 2011, le CG des Ardennes m'informe que je passe en commission d'agrément le 19 décembre 2011 (soit 2 ans à quelques jours prêts avec mon agrément initial).

20 décembre 2011, courrier du CG des Ardennes m'informant que la commission d'adoption ne pouvait réserver une suite favorable à ma demande... nouvelle désillusion !

4 janvier 2012 : grande peine, Geneviève en voyage en Bulgarie dans sa famille décède et d'un coup c'est un grand vide, plus personne avec qui rire et parler de la Bulgarie. Je ne suis pas la seule adoptante à se sentir "perdue" sans son guide, mais d'autres adoptants nous conseille alors Penka là aussi étrangement le destin me l'envoie car elle est en Limousin à côté de ma famille.. premier contact pris et aussitôt adopté c'est le cas de le dire !

3 mai 2012, l'AFA me transmet un nouveau document à compléter : le questionnaire médical ! que de temps j'ai pu passer à réfléchir avant tout compte fait d'aller le compléter avec mon mèdecin traitant pour voir ce qui était dans mes possibilités d'accueil (vivant à l'époque dans un petit village à 65 km de Reims, 80 de Verdun, 60 de Chalon en Champagne et 60 de Charleville Mézières) en cas de difficultés médicales...

29 octobre 2012, nouvelle attestation du CG à transmettre au MOJ pour validation de mon projet d'adoption et bien entendu, nouvelle lettre de motivation à rédiger...

Comme je ne suis pas quelqu'un qui baisse les bras facilement, je relance ma demande d'extension d'âge et le 15 avril 2013 j'obtiens donc mon extension pour une fratrie de deux enfants âgés de 0-8 ans avec pathologies légères et curables.

Nouvelle lettre de motivation pour joindre les nouveaux documents...

Et l'attente, toujours l'attente, mais là on n'y prête  plus cas c'est devenu la routine, on s'occupe l'esprit en faisant d'autres choses...